Sous la pluie depuis des jours maintenant, le refuge de l'atelier est bien accueillant.
L'aquarelle me passionne... voici celle faite hier:
Parfois, en repensant aux cours qu'on nous a donnés en classe de peinture, j'ai un sentiment de gâchis, presque de révolte. On s'est moqué de nous ? En tous les cas, je sais maintenant que je n'ai reçu ni les bases, ni les conseils, ni la méthode qu'on doit recevoir en classe dans une académie de peinture.
L'enseignement était basé sur un système très simple. Les premières années regardaient faire les élèves de 2è et 3e année ou se débrouillaient. Les professeurs étaient surtout là pour la critique. On recevait des conseils des élèves plus avancés et on essayait d'aider ceux qui étaient moins futés. Je n'ai que de rares souvenirs de critiques constructives.
Je me souviens particulièrement du premier cours de peinture à l'huile. Un cours avec un modèle féminin qui posait nu. Une adorable jeune femme asiatique qui se prénommait Maud. Après, elle est devenue une amie malheureusement perdue de vue depuis. Mais là c'est une autre histoire.
Donc me voici avec des tubes neufs, des pinceaux, de la térébenthine, un chevalet et un planche préparée pour la peinture à l'huile. Je vois que ma voisine, un dame très forte, y va crânement et, avec un pinceau dégoulinant de couleur rose, pose en quelques traits vigoureux la forme de la dame qui pose. De mon côté, timidement, je pose une touche de couleur que j'efface tout de suite, je recommence, recommence, recommence.... au bout de la première demi-heure mon chiffon est tout sali et mon panneau et toujours vierge, tout juste encrassé. Quel stress ! Heureusement ma voisine est venue à mon aide et, sans un seul mot, a de son pinceau posé la silhouette de Maud puis, toujours sans un mot, est retournée à son oeuvre.
Bref, j'étais tétanisée, incapable de la moindre touche logique, l'esprit englué. Quel stress et quel souvenir. J'avais rêvé de cette école durant des années. J'y étais et qu'est-ce que je faisais ? Rien. Rien de bon. Un énorme sentiment de détresse, je m'en souviens bien. J'avais tout faux ? Je ne serais jamais capable de peindre ?
Me voici plus de vingt ans plus tard et je vous avoue qu'il m'arrive régulièrement de me poser cette même question angoissante. Serai-je un jour capable de peindre ce que j'ai dans la tête ?
J'ai justement dans la tête une grande aquarelle qui rêve... est-ce que je vais être capable de la réaliser comme dans mon rêve ? C'est peut-être ce challenge, après tout, qui me sert de moteur.
Sur cette petite anecdote - souvenir cuisant - je vous souhaite une très belle journée et vous remercie pour votre visite.
Prenez bien soin de vous !
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