J'avais envie de commencer l'année en bonne compagnie. Alors, Frédéric Lenoir me semblait tout à fait être la personne qui allait me tenir la main pour le passage à l'an neuf. Le livre choisi est "Petit traité de vie intérieure". On est le 3 janvier et j'arrive déjà presque au bout de ce petit livre. Petit par la taille mais, et de loin, pas par le contenu.
Ma lecture d'hier soir, j'ai eu envie de la partager avec vous, voici quelques extraits que je me permets de vous faire lire - j'espère qu'ils vous donneront l'envie de lire ce chouette livre.
Petit traité de vie intérieure - Frédéric Lenoir - Plon - Chapitre 16 - page 139
"L'adversité est un maître spirituel
Un nouveau culte s'est développé dans nos sociétés modernes: celui de la performance, de la réussite, de la "gagne". Cette idéologie du succès nous impose de réussir dans tous les domaines et les médias véhiculent à longueur de temps des images de "gagnants", présentés en modèles dignes d'attention. L'échec est mal perçu, et donc mal vécu. "On", c'est-à-dire la famille, l'école, la société, nous dit, depuis notre enfance, que nous n'avons pas droit à l'échec. Une pression redoutable pèse sur chacun d'entre nous.
... avec elle s'est imposées l'idée selon laquelle chaque individu doit développer son potentiel, ses capacités, ses dons, sa créativité, trouver la voie qui lui convient. "Que dit ta conscience ? Tu dois devenir ce que tu es", écrit Nietzsche à plusieurs reprises. Ce n'est pas une idée négative, bien au contraire: elle a autorisé chacun à sortir du chemin qui lui était tracé pour s'accomplir; à titre personnel, je reconnais que j'y adhère pleinement. Je suis toutefois inquiet quand aux dérives de cette quête dès lors que se greffe l'obligation de réussite, de performance, de réalisation de soi, et de bonheur... Le but est devenu inatteignable et le plus grave est qu'il a été présenté comme étant à la portée de tous, pour peu qu'on y mette de la volonté.
Le culte de la performance revêt de nos jours un caractère impitoyable... La pression est telle que, confrontée aux échecs, beaucoup s'effondrent. ... la dépression est souvent la conséquence, directe ou indirecte, de l'incapacité à atteindre les objectifs de performance et de réalisation de soi que la société nous donne - et que nous nous donnons nous aussi, sous l'influence des codes sociaux.
Une conversion du regard s'impose. Il est temps d'admettre que, non seulement l'échec n'est pas un drame, mais qu'il peut bien souvent devenir un événement positif. Son premier atout, qui est loin d'être négligeable, consiste à nous remettre dans une attitude d'humilité face à la vie. Il nous contraint à accepter la vie telle qu'elle est et non pas telle que nous la voulons ou la rêvons. La vraie souffrance... naît de notre résistance au changement, au mouvement de la vie, à son flux. Alors, réjouissons-nous quand il y a des hauts; et quand des bas se présentent, acceptons-les et faisons en sorte qu'ils nous servent de tremplin. En ce sens, je considère nos échecs comme autant de maîtres spirituels, c'est-à-dire de guides qui nous aident à rectifier notre trajectoire.
... Je m'érige à ce propos contre le dolorisme chrétien qui constitue une mécompréhension profonde du message des Évangiles. Jésus n'a jamais fait l'éloge de la souffrance et il n'y a aucun masochisme dans sa démarche qui a simplement consisté à accepter de souffrir par fidélité à la vérité."
Voilà ! J'espère que ça vous aura plu ? Moi, je déguste, je me régale...
Mais pourquoi cette lecture me fait-elle envie de reprendre un livre qui ne quittera au grand jamais ma bibliothèque - je cite de tête, il y a peut-être une petite erreur: "Le désir d'être inutile" de Hugo Pratt.
Très bonne année à vous qui me lirez et prenez bien soin de vous, surtout !
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